Une entreprise familiale
Fondée en 1961 par Henri Moser, l’Ecole se distingue par sa capacité à saisir le zeitgeist, « l’esprit de son temps », et à le traduire en une innovation utile pour les enfants et la communauté qui les entoure.
« La fidélité à certains principes n’exclut pas l’adaptation, voire l’amélioration des structures », soulignait Henri Moser dans son éditorial de 1992. Et, de fait, à travers la mise en question de ses habitudes, la réflexion critique de ses convictions, l’Ecole renouvelle régulièrement ses pratiques pédagogiques en fonction des besoins des enfants et du monde dans lequel ils et elles s’épanouissent.
Si l’Ecole d’aujourd’hui diffère de celle, pionnière, de 1961, elle reste cependant fidèle aux principes fondateurs transmis de génération en génération. Une des clés principales de son succès, la famille est source d’inspiration et d’encouragement, de confiance et de loyauté via la filiation par le nom. A travers elle, l’incarnation d’un projet ne déroge pas aux principes de son créateur.
Une entreprise familiale développe ainsi un fort sentiment d’appartenance et d’adhésion aux valeurs fondamentales de la part de ses collaboratrices et collaborateurs. Depuis toujours, l’Ecole peut compter sur ses équipes, désireuses de soutenir ses projets et ses évolutions. En s’adaptant, se formant régulièrement, en intégrant le numérique, toutes et tous garantissent la pérennité de leur engagement envers les élèves, la mission de l’Ecole et ses principes.
Une entreprise familiale inspire enfin une assurance certaine de la part des parents qui confient leurs enfants à une institution animée de convictions pédagogiques, garante d’une solide continuité transgénérationnelle, plutôt qu’à une institution publique sujette aux tergiversations politiques.
Dessin d'élève : « Le Roi Moser »
« L'autre jour, un livreur est passé sans un regard devant le père pour aller serrer la main du fils. Il y a, dans les successions qui s'accomplissent, quelque chose de gai et de mélancolique à la fois. »
Anna Lietti, Le Temps, 8 novembre 2001
Henri Moser
Fondateur
Arrivé à Genève en 1939, Henri Moser, qui parlait très peu et très mal le français et ne maîtrisait même pas le Hochdeutsch, se fait traiter de « sale Boche ». Exilé au fond de la classe pour ne pas déranger, supportant « les coups que sa maîtresse lui donnait sur la tête à chaque faute de français », le petit bernois retient la leçon. L’écoute, l’attention aux plus faibles, est capitale. La maîtrise des langues est fondamentale.
Titulaire d’une classe d’école primaire de 1951 à 1957, Henri découvre la pluralité des situations de ses élèves et rôde quelques-uns de ses grands principes touchant l’inégalité des chances, les devoirs à domicile, l’enseignement participatif, la bienveillance.
Interview d'Henri Moser, fondateur de l'Ecole, 2019
L’ouverture de l’Ecole privée de français en 1961 achève de mettre sur pied les bases d’une pédagogie centrée sur l’élève et son épanouissement : l’enseignement par immersion, un travail effectué majoritairement à l’école, l’application en classe des connaissances acquises, l’approfondissement ciblé des révisions plutôt que le redoublement automatique. Et de cerner les qualités indispensables qui doivent conduire la direction comme les « bons enseignants » et les collaborateurs.
Alain Moser
Directeur général depuis 2001
Analyste financier pendant cinq ans, chargé d’investissements dans les pays du sud, Alain Moser entre en 1990 au conseil d’administration de l’école familiale. Il amorce sa reconversion en 1996 en tant que directeur de l’établissement de Nyon, puis reprend la direction générale de l’Ecole en 2001 pour le lancement de la réforme.
Un changement de cap digne de son esprit frondeur qui l’a vu arpenter le Brésil à dix-huit ans tout en apprenant l’espagnol et le portugais – apprentissage en immersion – monter son groupe de rhythm ‘n’blues acclamé sur Las Ramblas ou à Berlin – repérage pour la Moser Schule ? – et jongler entre les milieux artistique, alternatif, bancaire, pédagogique – terreau fertile pour l’art de la négociation et la connaissance de la nature humaine. Reprendre l’entreprise familiale exemplifie ainsi sa foi en l’intuition tout en satisfaisant son insatiable curiosité : l’école lui offre le terrain de jeux recherché (renforcer le projet pédagogique centré sur l’élève, édifier les bâtiments de Genève, Nyon et Leysin, transformer celui de Berlin pour réaliser pleinement ce projet ou explorer les frontières du numérique).
« Cela ne m’intéresse pas de vendre. Être une petite structure est un avantage. Cela nous permet d’être plus agiles, de ne pas avoir de comptes à rendre et de pouvoir prendre des décisions stratégiques plus rapidement. »
Alain Moser, Bilan, mai 2022
S’il embrasse l’esprit pionnier de l’Ecole, la propulsant au cœur d’innovations inspirantes, il ne perd pas de vue la rentabilité, gage de sa crédibilité et de sa pérennité dans un contexte où le modèle familial s’étiole face aux grands groupes internationaux. « En reprenant l’école, je me suis mis un point d’honneur à en faire une entreprise qui tourne. » De fait, en vingt ans, le nombre d’élèves a doublé. Un résultat confortable qui ne l’empêche pas de préparer l’avenir à travers un projet de transmission à la troisième génération.